#7 Comment rendre son exploitation plus résiliente ET robuste ?
Hello !
Nous sommes le lundi 30 juin, et en ce début de semaine, nous nous apprêtons à vivre un nouveau probable record de chaleur demain 🥵 : ce mardi pourrait talonner avec la journée la plus chaude jamais mesurée en France d’après l’agrométéorologue Serge ZAKA, rivalisant avec le 5 août 2003…
Le temps des foin touche à sa fin, le temps des moissons a démarré depuis plusieurs jours déjà…
Ici, les orges et les colzas s’en sortent bien, c’est plus compliqué pour les blés. Mais ce n’est rien à comparer des nombreux agriculteurs touchés par les épisodes d’orages et de grêle. C’est toujours dramatique et un sentiment indesciptible de vivre ça, soutien à tous ceux qui ont malheureusement été touchés !
Avant de commencer, si tu n’es pas encore abonné c’est ici :
C’est dans ce contexte que je vais vous parler aujourd’hui du difficile mais nécessaire sujet de la gestion des risques, ou comment essayer d’anticiper un maximum plutôt que de subir…
📖 Le dossier de la semaine : la gestion des risques en agriculture et les défis à relever
Jeudi dernier, je suis intervenue dans le cadre de la journée bovins viande en Sarthe organisée par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, en partenariat avec d’autres OPA. La thématique de cette journée était : comment s’adapater tout au long de sa carrière malgré les fluctuations rencontrées ? Elle a eu lieu chez un couple d’éleveurs dont le parcours a permis d’illustrer ce sujet complexe.
Dans ce cadre, on m’avait commandé une conférence sur le sujet de la gestion des risques en exploitation agricole. Je vous propose de vous faire un retour sur les principaux messages que j’ai essayé de faire passer (en 30 minutes, pas facile !).
Qu’est-ce qu’un risque ?
Avant toute chose, il est important de définir la notion de risque.
Le risque peut être défini comme la rencontre de deux éléments :
un aléa : évènement dommageale, +/- prévisible, hors de contrôle. Il peut être défini par sa nature, sa localisation, sa fréquence, son intensité.
une vulnérabilité : fragilité d’un enjeu (population, activité et/ou constructions humaines…) face à un aléa.
Quels sont les principaux risques auxquels sont soumises les exploitations agricoles ?
Depuis que l’agriculture existe, elle a toujours dû faire face à des risques, majoritairement climatiques, dont les conséquences étaient souvent dramatiques et engendraient d’importantes famines et pénuries.
Depuis les révolutions industrielles, la naturea des risques s’est diversifiée, avec les mouvements de populations et la mondialisation.
Les premiers risques auxquels on pense sont plutôt externes à l’exploitation :
climatiques
sanitaires
de marché
réglementaires
géopolitiques
Il y a aussi les risques qui vont prendre de plus en plus de place à l’avenir : conséquences liées au changement climatique, chute de la biodiversité, fin du pétrole abondant et peu cher.
Cette caricature qui date de 2020, intialement réalisée par Graeme MacKay avec les 2 premières vagues, puis complétée par des internautes, illustre également le lien et la hiérarchie entre les risques.
À ces risques externes, s’ajoutent :
les risques liés aux filières (amont et aval) : arrêt de collecte (exemple de Lactalis en fin d’année dernière), éloignement des prestataires (vétérinaires, appros, concessionnaires…), arrivée de concurrence…
et aussi les risques internes à la ferme : à commencer par ceux liés à l’humain (maladie, accident, mais aussi mésentente ou séparation…), les risques économiques, et aussi bien sûr les risques de pertes de foncier, de pannes matériels, de pertes de productions…
Face à ce constat, il y a dans le monde agricole, une attitude souvent fataliste et immobiliste, voire attentiste : “on n’a pas de chance”, “on a besoin d’aide”…
Malheureusement, l’Etat interviendra de moins en moins : elle a notamment abandonné le système des calamités agricoles dont ont bénéficié de nombreuses exploitations, en 2023, au profit d’un système assurantiel. Le message est clair, l’Etat ne veut plus gérer ces situations imprévisibles, et, on l’a bien compris, n’en a plus les moyens !
Alors, que faire ?
Subir ?
Ou…
Reprendrele pouvoir, et anticiper ?
Et finalement, est-ce que le plus grand risque, ce ne serait pas…
Le mode roseau : travailler la résilience de son exploitation face aux risques
Alors, comment appliquer le concept de résilience à ta ferme ?
La capacité tampon : le système est capable de tolérer des perturbations sans s’éloigner de son régime de routine.
L’exemple le plus parlant et courant, c ‘est l’assurance, qui permet de compenser tout ou partie des pertes. Un autre exemple, c’est un élevage subissant une sécheresse qui peut tolérer cet aléa si ses stocks de fourrages sont suffisants.
La capacité d’adaptation : le système est capable de mettre en place des adaptations techniques, organisationnelles ou commerciales pour faire face aux aléas et revenir rapidement à un régime de routine.
Par exemple, pour faire face à une répétition de sécheresses, une diversification des assolements permettrait de distribuer les risques climatiques sur différentes cultures et d’augmenter ainsi la stabilité de la production.
La capacité de transformation : le système est capable de se transformer en profondeur pour perdurer.
Par exemple, face à une chute drastique du prix du lait, un élevage laitier intensif peut évoluer vers un système économe et autonome pouvant impliquer un changement de race du troupeau, la mise en place d’un nouvel atelier de production, d’un nouveau mode de commercialisation, etc.
Voici un exemple de travail que tu peux effectuer, seul ou en groupe, pour envisager des pistes de résilience pour son exploitation :
Tu listes les principaux aléas auxquels est soumise l’exploitation
Tu attribues une note de priorité en fonction de différents critères :
Tu réfléchis aux pistes de solutions possibles, sans te mettre de freins dans un premier temps, avant de resserer sur des solutions qui correspondraient à tes objectifs professionnels et personnels, qui te motivent dans la mises en oeuvre, et auxquelles tu crois !
temporalité : ce risque intervient-il à court, moyen, nong terme ?
fréquence : ce risque s’est-il déjà produit souvent ? Ou risque-t-il de se produire plus fréquemment à l’avenir ?
impacts/intensité : l’impact de ce risque est-il potentiellement important en termes économiques, financiers, psychologique…?
sensibilité : chacun a sa sensibilité propre à chacun des risques, en fonction de son vécu, de son histoire notamment, et il est important de le prendre en compte !
Le mode chêne : travailler la robustesse de son exploitation face aux risques
Alors, comment appliquer le concept de résilience à ton exploitation ?
Pour moi, c’est complètement lié à la maîtrise du pilotage de la gestion de l’exploitation : on en revient toujours aux essentiels !
Définir ses objectifs et besoins professionnels et personnels, la vision pour votre exploitation : « des agriculteurs bien dans leurs bottes »
Une rentabilité saine et durable
• Produits : diversification des produits, des clients, contractualisation, prise en compte des enjeux de changement climatique
• Charges : maîtrise des postes de charges opérationnelles et de structure, travail sur l’autonomie de son système et du système local, gestion raisonnée et raisonnable de la fiscalité
Une solvabilité maîtrisée
• Taux d’endettement maîtrisé
• Investissements raisonnés et raisonnables
• Gestion de la trésorerie pour favoriser le fonds de roulement et limiter l’endettement court-terme
Une Flexibilité indispensable
• Gestion de la trésorerie : limitation de l’autofinancement, constitution d’une épargne de précaution
• Gestion des stocks/appros : constitution de réserves chaque année pour pallier les années plus difficiles (moins de foins, augmentation du prix des engrais…)
• Les prélèvements privés ne doivent pas être la variable d’ajustement => Gestion de la marge de sécurité (Capacité d’autofinancement)
Voilà pour cette synthèse qui t’aidera, je l’espère, à envisager quelques pistes !
Si tu souhaites aller plus loin, j’accompagne des groupes en formation sur ce sujet, alors contacte-moi !
📰L’actu de la semaine
L’épisode de sécheresse que nous vivons a entraîné un déficit en eau des sols et des nappes, et les conséquences sont déjà mesurables…
👀L’inspiration de la semaine
Des astuces pour limiter l’impact du stress thermique sur les animaux lors des fortes chaleurs que nous connaissons : l’Institut de l’Elevage (Idele) a publié un mode d’emploi, à retrouver ici :
Mode d’emploi stress thermique Idele
👢Dans mes bottes
🌧️ Un 1er rdv conseil en région Rhône-Alpes pour SEMER de la confiance dans une nouvelle trajectoire, après une installation placée sous le signe des aléas (décidément, cette newsletter est dans le thème !)
📊 Du travail au bureau suite à des rdv passés
🤓 Avancer sur mes projets de formation pour la rentrée
💻 Et puis la paperasse de début de mois…
Merci de m’avoir lue !
Si ça vous a plus, écrivez-moi un petit mot, ça me fera plaisir 😀
Bon courage pour cette très chaude semaine et à lundi prochain 🤓
Amandine